Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours avant de devenir coach ?
Ma vie avant d’être coach était déjà entièrement liée au basket. J’étais joueuse professionnelle et j’ai commencé très tôt. À 16 ans, j’ai débuté dans le monde professionnel et j’ai intégré l’équipe nationale de Serbie pour y jouer dans toutes les catégories (U17 jusqu’à sénior) ce qui m’a permis de beaucoup voyager et découvrir le monde.
J’ai joué un peu partout, changeant d’équipes et de pays régulièrement. Au total, j’ai vécu dans six pays différents, en comptant la Serbie. C’était un métier formidable qui m’a permis de rencontrer énormément de gens. Mais c’était aussi très stressant de devoir changer d’environnement chaque année, s’adapter constamment à de nouvelles personnes et de nouveaux contextes. Heureusement, j’aime les gens, donc j’ai globalement bien vécu cette expérience.

J’ai terminé ma carrière de joueuse en France. Quand j’ai décidé de rentrer chez moi en Serbie, j’ai rencontré mon mari, et c’est comme ça que je suis finalement restée en France. Et le plus drôle dans tout ça, c’est que j’avais toujours dit que je ne serais jamais coach !
D’ailleurs, je dois avouer que le coaching me rebutais au départ. Je n’aimais pas beaucoup les entraîneurs que j’avais eus, surtout les coachs très durs qu’on avait en Serbie. Je détestais donc l’idée de devenir coach moi-même.
Mais quand on se retrouve dans une situation comme la mienne – dans un pays étranger, sans maîtriser parfaitement la langue, sans autre compétence professionnelle à ce moment-là – on joue la carte de la sécurité. On reste dans l’environnement qu’on connaît le mieux, et pour moi c’était le basket. La transition a donc été plus naturelle que prévu.
Cela dit, mon objectif n’est pas de rester uniquement dans cet univers. J’aimerais découvrir d’autres choses car je pense avoir des capacités pour ça.
Comment es-tu arrivée dans notre club il y a deux ans et qu’est-ce qui t’a donné envie de nous rejoindre ?
Honnêtement, ce qui m’a amenée ici, ce sont surtout les circonstances. On ne choisit pas toujours où on va, où on déménage, etc. Mais pour moi, un gros point positif, c’est que le club avait déjà une excellente réputation avant que j’arrive. Donc pour moi, ce n’était que du bonus de pouvoir intégrer une structure déjà reconnue.
Quelles sont tes missions principales au sein du club aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis responsable du développement du secteur féminin, ce dont je suis plutôt fière. Je pense qu’il avait été un peu dans l’ombre ces dernières années. Depuis que je suis arrivée – pas seulement grâce à moi bien sûr, mais parce que tout le monde s’implique – j’ai le sentiment qu’on est sur la bonne voie pour donner un vrai coup de pouce au basket féminin.
Mon objectif, c’est de motiver les filles à faire du basket, tout simplement à les faire jouer et prendre du plaisir sur le terrain.
En tant que coach femme, as-tu un regard particulier sur le développement du secteur féminin et des jeunes joueuses ?
Le gros avantage d’entraîner les petites et les grandes filles, c’est que je sais exactement par quoi elles passent, parce que je suis passée par là moi-même. J’ai vécu les mêmes difficultés, parfois même pires.
Ce que j’essaie de leur transmettre, c’est cette forme d’amour – pas seulement pour le basket, mais aussi la passion et l’éthique de travail, qui est très importante et qui leur manque souvent. Je veux leur apporter de la discipline et de la rigueur.
J’ai parfois l’impression qu’elles viennent juste pour s’amuser, ce qui est très bien, mais il faut aussi un cadre. Il faut un système. On sait tous que sans cadre, sans règles, c’est difficile de progresser. Les règles doivent être là pour être respectées, c’est fondamental pour moi.
Je pense pouvoir vraiment les aider parce que je les comprends mieux que les garçons. Comme je l’ai dit, je suis passée par là.

Tu as coaché des U13 garçons la première année, et cette saison des U13 filles. Raconte-nous les points communs, les différences… Est-ce que tu as le même feeling ?
J’ai eu la chance d’entraîner à la fois les garçons et les filles, et avec le recul, après une année avec les deux groupes, je peux dire que je suis plus connectée aux filles. Elles donnent plus en retour, mais elles sont aussi bien plus exigeantes que les garçons.
La grande différence, c’est qu’avec les filles, on ne gère pas que le basket. On gère tout ce qui va autour : leur mauvaise humeur, leurs problèmes personnels, les conflits entre elles… On n’est pas juste coach – on devient leur deuxième maman, leur sœur, leur amie, leur psychologue, ou tout à la fois !
Avec les garçons, c’est plus simple. Ils sont plus distants émotionnellement, mais plus faciles à gérer au quotidien. Il fallait juste leur apprendre à jouer et à se battre sur le terrain. Le seul aspect un peu particulier pour eux, c’était d’avoir une femme comme coach – c’était peut-être une première. Mais ils se sont très vite habitués et on a développé une bonne communication.Mais comme je l’ai dit, avec les filles, j’ai un ressenti particulier. Je suis aussi une fille, et elles me donnent plus d’affection en retour, ce qui est très important pour moi. Donc pour être honnête, j’apprécie un peu plus cela.
Quel rôle joues-tu auprès des parents ? Comment tu gères cette relation parfois délicate ?
Créer un lien avec les parents est un point très important, surtout aujourd’hui où on voit que certains parents ne sont pas toujours objectifs par rapport aux performances de leur enfant.
Notre rôle, c’est de poser des limites, de leur expliquer le pourquoi, le où, le quand. Il faut leur donner des réponses claires dès le début, poser les règles, car ensuite tout devient beaucoup plus simple. Je préfère être très ouverte avec les parents dès le départ.
En général, j’aime être honnête, dire ce que je pense, régler les problèmes frontalement. C’est pareil avec les parents – j’attends la même chose d’eux. J’ai une relation de confiance avec eux et je veux absolument la garder.
C’est très important parce qu’on n’est pas là juste pour apprendre le basket à leurs enfants. Je suis là pour les éduquer, leur transmettre des choses importantes dans la vie : comment se comporter, comment réagir face aux difficultés. Pour moi, c’est essentiel d’être honnête et d’avoir cette bonne relation avec les parents.
S’il y a un problème, il faut en parler. On ne peut pas tout cacher, ça ne mène à rien. Il faut en discuter ouvertement, c’est toujours plus facile de résoudre un problème comme ça. C’est ma manière de fonctionner, pas seulement avec les parents, mais avec tout le monde.
Bien sûr, ce n’est pas toujours facile de parler franchement de certaines choses, mais c’est l’objectif.
Comment tu travailles avec les autres coachs du club (salariés ou bénévoles) ? Quelle est ta place dans l’équipe technique ?

Je pense que je suis vraiment une joueuse d’équipe. Je l’ai toujours été en tant que joueuse, et je le suis encore aujourd’hui en tant que coach.
Être avec d’autres coachs, bénévoles ou salariés, ça ne change rien pour moi – ce sont tous des coachs, qu’ils en sachent plus ou moins que moi. Pour moi, l’important, c’est d’être quelqu’un de bien humainement parlant.
Ici, tout le monde est très impliqué. J’ai eu la chance de travailler avec mon assistant qui l’était énormément aussi, et ça donne vraiment de la motivation.
Quand on veut transmettre quelque chose aux jeunes coachs, c’est très important qu’ils montrent l’envie d’apprendre. S’ils ne montrent pas d’intérêt, c’est difficile de partager son savoir – on a parfois l’impression de les forcer. Donc c’est essentiel qu’ils soient motivés, et je peux dire qu’ils le sont vraiment ici.
Parle nous du BASKETONIK que tu viens de lancer ! C’est quoi exactement et comment ça marche ?
Le BASKETONIK, c’est un mélange entre le fitness, le crossfit, avec quelques éléments de basket intégrés. Mais honnêtement, le but principal, c’est tout simplement de garder son corps en forme.
Selon les semaines ou quand on est fatigué, on peut venir faire un petit travail sur soi. C’est bon pour le corps, la santé et l’esprit. C’est une approche plus globale du bien-être à travers le sport.




